La Campagne d'Italie

3 mai 1944 - 20 août 1944

(La Campagne d'Italie racontée par Charles LATAPY)

 

POMIGLIANO D'ARCO:

 

    Le 3 mai 1944, après un voyage sans histoire, le "Ranchi" ayant à son bord les troupes du 2/33, accoste à NAPLES. L'échelon roulant comprend 160 hommes et le matériel. Les avions quant à eux atterrissent à POMIGLIANO D'ARCO à 11 heures.

Certains de façon moins discrète que d'autres ! Le Lieutenant GUIBAUD teste un atterrissage sans train ! Il avait tout simplement oublié de le sortir.

L'échelon volant se compose de 9 Spitfires, 2 A 24 et du Fairchild de liaison, 23 Officiers et 23 Sous-officiers chargés de la maintenance au sol. Trois Douglas C 47 Dakota américains accompagnent les appareils avec entre autres les effets personnels des pilotes. Le Commandant PIECHON, dit "Nounours", dirige tout cela.

 

    La Campagne d'Italie commence pour le Groupe qui est incorporé au XIIème Tactical Air Command appuyant la Vème Armée. L'installation à POMIGLIANO qui doit être de courte durée est précaire: maison sans porte ni fenêtres qui a résisté toutefois au bombardement des Usines Fiat toutes proches. Naples sera l'occasion de visites fréquentes principalement à "L'Arizona", boîte de nuit annexée au mess des Officiers Français.

 

    Durant ce séjour à POMIGLIANO des liens sont établis avec le IIIth TAC/R Squadron américain surnommé le "Ouan,ouan,ouan" commandé par le Major DEERING. Leur devise "A recce pilot is a fighter pilot with a brain", c'est à dire "Un pilote de reconnaissance est un pilote de chasse intelligent" est rapidement adoptée et agrandit les liens.

 

SANTA MARIA DI CAPUA:

 

    9 mai 1944 : départ pour le terrain de SANTA MARIA DI CAPUA.

Le campement est installé au village de SAN TAMMARO. C'est l'occasion pour le Lieutenant REDER de se faire remarquer en emboutissant l'avion du Lieutenant GUIBAUD à l'atterrissage. Ce dernier en sera quitte pour quelques jours d'hôpital et la mention "Première victime de la guerre". Les liens d'amitié se resserrent avec les américains. L'alcool fait des ravages dans les deux camps lors  des périodes de repos des pilotes.

 

    SANTA MARIA DI CAPUA sera encore l'occasion d'un perfectionnement des pilotes sous l'oeil bienveillant des amis américains avec quelques séries de reconnaissance de secteurs sur le front.

 

    Le 11 mai est une journée un peu particulière resserrant encore un peu plus les liens d'amitié entre le 2/33 et le 111th Squadron US: leurs chefs respectifs se voient incorporés dans la même cellule après une mission de reconnaissance dans les quartiers chauds de NAPLES malgré l'interdiction du Général SAVILLE !

 

    Le 2/33 TAC/R est engagé sous les ordres du XIIème TAC au profit de la Vème Armée au moment où se déclenche l'attaque alliée sur les position d'hiver allemandes du MONT CASSINO et du GUARIGLIANO. Cette brillante première phase doit aboutir à la prise de ROME.

 

     Le 17 mai 1944 le groupe est véritablement pris dans la guerre avec des missions de reconnaissance à vue, et cela se poursuivra sans cesse jusqu'à la victoire. La première véritable mission de guerre est confiée aux tandem de choc: le Capitaine ENFRU avec le Lieutenant REY et les Lieutenants BATLLE et LATAPY. Le Lieutenant LATAPY remet cela immédiatement le même jour en accompagnant le Capitaine MICHEL pour sa première reconnaissance de secteur.

 

    Le 2/33 reçoit un interprétateur photo de grande classe, le Lieutenant Léon BORIES qui est très vite pris en amitié par le groupe, sa très grande efficacité favorisant les liens.

 

    L'Escadrille est divisée en deux Flights de 5 équipes chacun. Chaque équipe se compose de 2 pilotes, un Leader et un Weaver. Une mission de reconnaissance tactique s'effectue avec deux avions. Le Leader effectue la mission de reconnaissance proprement dite en prenant des photos ou en faisant des repérages visuels. Le Weaver (Tisserand) le protège, scrutant en permanence le ciel à la recherche d'un éventuel "bandit", ce qui l'oblige à remuer en permanence pour mieux voir, et à tisser un véritable réseau de route invisible dans le ciel, d'où ce nom de Weaver. Le Leader est à l'affût du "Pine apple" qui est l'objectif justifiable d'attaque de la part des chasseurs bombardiers, et l'espoir de chaque Leader au cours d'une mission est de repérer  un mirifique convoi ennemi sur la route, et de le signaler par radio au "Flighter Control". Bien souvent il doit photographier quelques points de repère ou réaliser de courtes bandes, courtes car la Flack ne lui laisse guère de temps à une altitude aussi basse et un trajet trop  droit.

Le Lieutenant GUIBAUD ramène la queue du 342 transformée en poêle à marrons et une mitrailleuse branlante pour avoir voulu photographier la Flack de trop près alors qu'elle lui tirait dessus.

 

    L'Escadrille est dans le bain. Leaders et Weavers décollent tous les jours, rapportant en fin de missions les renseignements à vue ou une moisson de photos. Après une mission, l'Officier de renseignements reçoit les deux pilotes pour "leur tirer les vers du nez". Il ne faut pas oublier que les pilotes de reconnaissance sont jeunes et ardents, au feu comme ailleurs. Sur le terrain de SANTA MARIA, P40, P47, P51, Spits sont en nombre impressionnant  et le trafic est intense. Nos pilotes arrivent très rapidement à s'adapter aux nouvelles consignes de piste.

 

    L'admiration pour l'audace et l'efficacité des pilotes français se lit sur tous les visages de nos amis américains. Le C.E.F., sous les ordres du Général JUIN, réalise des prodiges grâce à la multitude des renseignements apportés par nos pilotes.

 

    Le 18 mai, le 2/33 reçoit la visite du Général de Gaulle qui a dans sa suite le Général de Lattre de Tassigny, et surtout Mademoiselle le Sous-lieutenant Eve Curie sur qui tous les yeux des pilotes se portent.

 

    Nos amis américains du III th ont aménagé un bar, "The Snoopers", dans un bel immeuble de SANTA MARIA. Le 2/33 est membre permanent de ce club et, à l'entrée, la cocarde étoilée de l'aviation américaine voisine avec la cocarde tricolore des ailes françaises.

 

    Tous les jours les pilotes apprennent à mieux connaître leur métier, à mieux naviguer et à mieux dérouter la Flak qui se révèle intense et précise. Les Missions s'effectuent à l'altitude de 1500 à 2000 mètres par équipes de deux. Parmi eux l'équipe Sébastien BATLLE et Charles LATAPY, les inséparables amis. Presque toutes les missions sont saluées par la Flack dont le but est de détruire le renseignement que le Leader peut rapporter. La Flack devient une grande spécialiste dans le repérage des avions de reconnaissance, les missions sont de plus en plus délicates mais nos pilotes de plus en plus efficaces.

 

     Enfin, les premières missions confirment nos pilotes dans leur métier, puisqu'ils sont invités à poursuivre l'aventure à NETTUNO par Ordre du 5 juin 1944.

 

    Le 2/33 participe aux opérations qui consistent à poursuivre les allemands jusqu'à leur installation sur la "ligne Gothique". Ces opérations l'obligent à faire mouvement sur les terrains de PONTE-GALLERA, VOLTONA et FOLLONICA.

 

    Les missions sont fréquentes et dures, mais cela n'empêche pas les troupes de se distraire. Durant les repos les artistes s'expriment :

Coll. Batlle

 

ANZIO NETTUNO:

 

    Le 6 juin au matin, nos avions se posent sur l'étroite grille qui court le long de la plage et nos pilotes apprennent avec joie en descendant d'avion, le débarquement allié en Normandie. Ce débarquement suivant de très près la prise de Rome comble d'aise les pilotes et fait passer les difficultés d'installation et de ravitaillement de leur nouvelle base. Quelques J.U.88 viennent leur rendre visite la nuit; ils assistent au feu d'artifice tiré par les navires et les batteries de terre en leur honneur, tout en ayant au coeur une secrète angoisse à la pensée de leurs pauvres Spits laissés seuls sur le terrain déjà bien encombré.

 

    A proximité du cantonnement des pilotes, une particularité attrayante est à signaler; il se trouve une multitude de petits piquets portant de petits écriteaux indiquant les curiosités locales: grenades, mines, obus non éclatés, projectiles de bazooka.

Le cantonnement est relié à la plage par une série de chemins nettoyés des mines et la plage où les pilotes se baignent est couverte d'une épaisse couche de mazout qui colle aux pieds des baigneurs.

 

    Le 9 juin 1944, prermière récompense. Le Commandement les félicite pour leur travail suite à une lettre du Général de Brigade Gordon P. Saville ainsi que des Généraux Geoffey Keyes, Clark, Oliver Leese, Eisenhower et Juin.

 

    Le séjour à NETTUNO sera de courte durée puisque, le 11 juin, l'ordre de départ est donné. Le nouveau terrain est à PONTE GALLERA. Les américains, trouvant que le mot GALLERA ne convient pas à de glorieux aviateurs qui viennent de participer à la prise de ROME, rebaptisent ce terrain GLORIA.

Le nouveau terrain est très grand et a l'avantage d'être à 15 Kms de ROME, ville éternelle.

 

PONTE GALLERA:

 

    Tous les jours, 4 à 5 missions de reconnaissance à vue et photo partent, et tous les jours les pilotes vident leurs poches avant de partir, prennent leur "escape Kit", écoutent le briefing de l'Officier de renseignements, prennent connaissance des derniers tuyaux que leur passent les camarades de la mission précédente. Les cartes de Flak sont consultées avec l'attention qu'elles méritent.

 

    Les deux avions des tandems décollent dans la poussière et partent dans le ciel d'Italie limpide et pur. De temps à autre une émotion les étreint : des points noirs dans le lointains. Messer ? P47 ? Amis ? ennemis ? Cette incertitude ne dure guère. Presque toujours ce sont les amis qui balayent le ciel, mais rien ne peut empêcher cette secrète angoisse qui les envahit quand douze points noirs foncent sur eux pour les reconnaître. Pourtant la voix du Weaver reste calme, et c'est aussi calmement qu'il annonce que douze "Bogeys" foncent sur eux.

 

    La Flak: champignons noirs de gros calibres ou petites balles blanches, elles fait danser les avions qui piquent, partent en chandelle, font une succession de virages serrés. Et le pilote, tout en photographiant sur son axe de passage, met le nez dans la carlingue (presque en PSV) pour ne pas voir les champignons noirs s'ouvrir et s'étaler devant la casserole d'hélice. Avec quelle rapidité il dégage, une fois la bande finie !

Parfois tenté par les mitrailleuses et les 2 canons de son avion, il descend pour attaquer des véhicules et c'est ainsi que le Lieutenant GUIBAUD ramène deux obus dans son aérodyne pour avoir voulu essayer ses armes sur un objectif terrestre. Ce qui vaut pour les pilotes un sérieux rappel à l'ordre.

 

    Tous les pilotes sont impatients d'aller visiter ROME.

Leur désir est enfin exaucé et et voici nos lascars éparpillés dans tous les coins de la ville éternelle. Les uns très sérieux, consultant des guides périmés, comptent les vieux cailloux et recensent les monuments; d'autres bien moins sérieux accrochent leurs regards sur les jolis minois des belles romaines. Les plus dégourdis se trouvent un joli guide dans la gente féminine et agrémentent ainsi les journées de façon très touristique et les nuits d'une autre façon.

Le soir tout le monde se retrouve à l'Hôtel Plazza et au Mess des Officiers du C.E.F. L'ambiance est extraordinaire. Décidément quand les Français veulent faire quelque chose, les résultats ne se font pas attendre. Le Mess des Officiers est aménagé de façon splendide. Les amis américains sont ébahis. La salle à manger où l'on est servi par petites tables comporte au centre une piste de danse. Un orchestre de trente musiciens joue pendant et après les repas. Les "Camerieri" en habit vont et viennent, empressés de servir. Les repas sont confortables. Le Général Juin a bien fait les choses et les principaux artisans de la prise de ROME sont fiers de se retrouver en pareil cadre.

 

    Mais la guerre continue et appelle de nouveau nos vaillants soldats. La progression des troupes alliées les incite à faire un nouveau bond.

 

TARQUINA VOLTONE:

 

    Le 2/33 échoue à TARQUINA le 18 juin 1944. Le terrain est installé au bord de la mer sur l'emplacement d'un ancien champ de tir. Il y a aussi des mines un peu partout. ROME semble bien lointaine, a quelques cent Kms, et nos pilotes ont au coeur un peu de déception. Quand, coup de tonnerre, le Général Saville en personne, Commandant du XII TAC envoie au groupe dont le travail le satisfait, une "invitation" impérative. Tous les soirs, cinq chambres seront retenues à l'Hôtel Regina dans la ville éternelle a l'intention des pilotes du 2/33. Le caractère impératif de l'invitation ne souffre aucun commentaire. Aussi, cinq pilotes, tous les soirs, choisis parmi les pilotes du Flight de repos prennent la "Command" et descendent à ROME. La joie règne sur tous les visages.

Le Général Rignot rend visite au 2/33 le 28 juin et leur amène quelques nouvelles d'AFN.

 

    Les missions suivent leur rythme normal. Le Lieutenant Guibaud revient encore avec du plomb dans l'aile, quand de nouveau un ordre est lancé de faire mouvement sur Follonica. Les adieux à ROME sont très touchants et l'installation sur le nouveau lieu de travail est rapidement effectuée.

 

FOLLONICA:

 

    Le site est admirable, pins allant tremper leur racines dans la mer, vue sur l'île d'ELBE, MONTE CHRISTO, et parfois le monte CINTO de notre Corse se profile à l'horizon. Baignades, bains de soleil, retours de missions en rasant la plage, orages crevant les tentes, tout contribue à créer une heureuse atmosphère. Les missions s'en ressentent, le 2/33 commence à voir ses pilotes devenir de vieux "moustachus" connaissant leur métier à fond.

Le secret espoir d'employer leurs talents sur une terre chérie devient de jour en jour plus vrai. Ils approchent petit à petit de la patrie. Déjà la Corse apparaît à l'horizon. Bientôt la terre de France défilera sous leurs ailes. Et pour fêter dignement la fête nationale du 14 juillet, une délégation va assister à la revue donnée par le C.E.F. sur la plage historique de SIENNE, pendant que quatre de leurs vaillants Spits défilent dans le ciel.

Parmi eux le Lieutenant LATAPY. A noter que la délégation au sol fut charmée de se voir offrir de....l'eau! en guise de remerciement. Les temps sont quelques fois durs !

Le soir, une barque illuminée sur l'eau bleue donne le spectacle d'un feu d'artifice.

 

L'attitude de l'Aumônier, père FREMEAUX, a nettement évolué depuis son arrivée au groupe. Grâce aux "soins attentifs" prodigués par les pilotes, le représentant de Dieu a pris, en l'espace de quelques semaines, fait et cause pour la reconnaissance aérienne. A chaque fois qu'il pénètre dans la popote tenue par BAVARD, il ne manque pas de lancer un vibrant "Vive la reco, Bordel!". 

 

    Trois des avions du 2/33 sont encore touchés par la Flack. Décidément, ils ont la "Baraka". Le Général Rignot, en visite, décore l'escadrille de la Croix de Guerre avec une citation à la Brigade récompensant deux mois d'efforts.

 

BORGO, BASTIA:

 

     Adieu Italie, les Spits vont connaître d'autres lieux peut-être moins cléments.

L'ordre vient d'arriver. A partir du 15 juillet, le 2/33 TAC/R passe en Corse. Leurs roues vont se poser sur le terrain de BORGO. Tous savent qu'il va se passer quelque chose. Ils savent que la Corse, porte-avions géant, sera utilisée pour envahir, ou plutôt libérer la France, et ils vont être de la Fête. Le Groupe continue à travailler en se posant à CECCINA, au profit de la Vème Armée, et effectue des missions de surveillance des ports de GÊNES et de la SPESIA.

 

   Après BORGO, c'est CALVI SAINTE CATHERINE d'où les missions s'envolent d'abord vers l'Italie et bientôt vers la France.

 

CALVI, SAINTE CATHERINE:

 

    Missions dans les Alpes, sur la Côte d'Azur,NICE, MONACO, MENTON puis TOULON, BARCELONNETTE, GAP, DIGNE, SISTERON, tous les coeurs sont émus de survoler ce coin du pays. Le 15 août, le débarquement est commencé. Un premier échelon commandé par le Lieutenant BORIES, l'interprétateur Photo qui était resté aux environs de NAPLES et n'avait pas suivi le gros du Groupe en Corse. Le 8 août, ce détachement embarque sur le "Marine Robin"; le 15 août 1944, sept heure après l'heure H du jour J, le détachement est jeté à la côte sur la plage de NARTELLE. Les fantassins Français qui débarquent peu après sont très étonnés de voir des aviateurs déjà sur le terrain !

 

    Le 20 août, les Spits Français posent leurs roues sur le terrain de RAMATUELLE, terrain tracé à grand renfort de Bull Dozer au beau milieu des vignes.

La journée se passe dans l'allégresse générale. Les pilotent sont invités de tous côtés, le vin coule à flot. Il fait bon se retrouver chez soi.

 

    Du 13 mai au 14 août 1944, le 2/33 TAC/R, avec une dotation de 9 Spitfires, a effectué 480 sorties et 604 heures de vol de guerre, comportant des reconnaissances à vue des Armées sur des régions le plus souvent défendues par la Flak, et 64 sorties photo de 4500 clichés couvrant 400 Km² dont le bilan est le suivant:

Renseignements découverts à l'interprétation: 11 batteries, 10 positions de mitrailleuses, 18 positions de Flak gros calibre, 90 batteries de Flak moyen calibre, 1 position fortifiée, 27 chars ennemis, 9 dépots de munitions, 2 stations radio de campagne.

 

    Le 2/33 participe activement à l'assaut du rivage de France en effectuant en 4 jours du 15 au 19 août 1944, 46 sorties de reconnaissance d'Armée de 88 heures, 35 couvrant la tête de pont sur la droite en partant du terrain de CALVI. Ces missions sont en général des missions de 6 à 800 Kms dont 400 Kms de mer.

 

    La Campagne d'Italie est terminée, la Campagne de France commence.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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